Prix d’art urbain Pébéo-Fluctuart : Salvaje Selva
20/07/2022
À l’occasion de la 6e édition du Concours International organisé par Pébéo, rencontre avec Salvaje Selva
Pouvez-vous vous présenter ? Quelle est votre pratique artistique ?
Je suis artiste urbain et chercheur en techniques contemporaines de peinture murale. Mon travail est influencé par de nombreux types d'art. On y trouve des textures typiques de l'abstraction organique, des gestes et des graphismes typiques de la peinture gestuelle ou informelle, des effets et des manières d'utiliser la peinture en spray caractéristiques du graffiti, des notions de couleur propres à la peinture classique ou des compositions qui incorporent des coupes nettes et des espaces vides liés à l'abstraction géométrique ou à l'art numérique.
Que voulez-vous exprimer à travers votre travail ?
Mon travail est fondé sur la conviction que la peinture est un langage indépendant et un véritable moyen d'expression. Pour moi, peindre, c'est se confronter à l'inconnu, entrer en contact avec une source de connaissances, un héritage culturel. Je travaille sur la base de concepts tels que la texture, la couleur, le rythme, la forme ou le mouvement, à la recherche d'images fortes auxquelles je m'identifie et qui expriment ma relation avec la peinture. J'essaie d'être en apprentissage constant, de chercher de nouvelles voies et de perfectionner mes techniques. Plus vous possédez de connaissances, plus vous avez de possibilités et plus vos horizons créatifs s'élargissent, bien que pour aller plus loin et ne pas se perdre, vous ayez besoin de certaines limites. Pour cette raison, je me concentre sur l'exploration des textures que peuvent offrir les matériaux muraux tels que les sprays, les pulvérisateurs ou les différents types de rouleaux. Je suis également très intéressé par la peinture murale, car elle interagit avec l'environnement et génère un dialogue avec des espaces qui possèdent déjà une charge esthétique notable.
Qui sont les personnes représentées sur vos peintures ? quelle est votre inspiration pour ces portraits ?
Comme je l'ai expliqué précédemment, mon travail est essentiellement abstrait. J'ai parfois réalisé des versions de peintures classiques interprétées à partir de l'abstraction, et il arrive que l'on puisse apercevoir une figure humaine, mais j'essaie de ne pas rendre le visage lisible, car mon intention est que la couleur et la tache (le langage de la peinture) l'emportent sur les formes et les objets reconnaissables. Autrement, une image littérale conditionnerait grandement l'interprétation de mon travail, conduisant la lecture de l'œuvre vers des territoires (peut-être plus narratifs) qui ne m'intéressent pas autant.
Vos œuvres ont-elles un lien direct avec le lieu où elles sont réalisées ?
Bien sûr, le mur conditionne beaucoup ma peinture, car je conçois la fresque comme un dialogue avec le support, en l'occurrence un espace connoté. La plupart des idées me viennent après avoir étudié le lieu où je vais développer ma pièce. Dans certaines interventions, il est très judicieux de jouer avec les textures que l'on peut déjà trouver dans le lieu ou même d'incorporer des objets de l'environnement sous forme d'"installation". De plus, lorsque les peintures murales sont réalisées, elles sont parfois, du fait qu'elles se trouvent dans l'espace public, vulnérables et deviennent des interventions éphémères. Souvent, le seul témoignage qui en reste est la photo elle-même. Sur ces photos, nous pouvons apprécier la relation très particulière de la peinture avec l'environnement, et je pense que dans de nombreux cas, c'est l'environnement qui nous donne la clé, qui donne un sens à l'œuvre.
Connaître le public, les passants, les habitants est important pour vous. Y a-t-il des conversations ou des rencontres qui ont eu un impact particulier sur vous ?
Je suis un amoureux des ruines et des espaces abandonnés. Je préfère les endroits calmes où il y a peu de présence humaine à la peinture dans des événements pleins d'agitation. La peinture exige de la concentration et il est parfois difficile de se concentrer s'il y a trop de stimuli externes. Cependant, en peignant dans la rue, j'ai rencontré de nombreuses personnes intéressantes, qu'il s'agisse d'artistes urbains que je considère comme des amis proches, de photographes ou d'amateurs d'art de rue qui parcourent la ville à la recherche de matériel frais.
Qu'est-ce qui vous a incité à postuler pour ce prix d'art urbain ?
Eh bien, beaucoup de mes amis sont des artistes urbains. Nous échangeons des invitations entre nous. Une amie m'en a parlé et m'a envoyé les conditions. Je les ai lues attentivement, cela semblait être une bonne occasion de montrer mon travail et je voulais tenter ma chance.
En octobre dernier, vous avez présenté votre première exposition personnelle en France. Avez-vous d'autres projets à venir ?
Eh bien, j'ai participé à une exposition d'art à Paris avec une galerie espagnole en janvier : c'était ma deuxième fois. Malheureusement, je n'ai jamais eu l'occasion de visiter la ville. L'année a été très intense. J'ai préparé une exposition de travaux d'atelier pour Montana SHOP Madrid ; j'ai participé à plusieurs festivals et j'ai reçu des commandes et des propositions intéressantes. En août, je pars en vacances au Mexique, où j'espère pouvoir peindre beaucoup, apprendre de l'environnement et être inspiré par le changement de décor. J'ai postulé à des concours pour des projets muraux pour la fin de l'été, mais je ne sais pas si j'aurai de la chance. Cependant, je vais continuer à peindre et à apprendre, et je vais essayer de multiplier les collaborations avec des amis.
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